31 juillet 2011
NOUVELLES DE L’ETRANGER.
A. Etats-Unis.
LA POSTE AMERICAINE RISQUE LA FAILLITE
À la mi-mai, on a appris que la Poste américaine cherchait 5,5 milliards de dollars et qu’à défaut elle risquait de se trouver en défaut de paiement d'ici à la fin septembre. Cette situation s'explique par la baisse des volumes de courrier et par le coût des retraites.
Au 1er semestre de son exercice 2010-2011 (d'octobre à mars), elle a accusé une perte de 2,6 milliards de dollars. Elle a indiqué "qu'elle ne sera pas en mesure de verser le 30 septembre les 5,5 milliards de dollars pour financer les pensions de ses retraités. De plus, la trésorerie descendra à un niveau critique à la mi-octobre, quand elle devra verser 1,2 milliard au département du Travail pour rémunérer les salariés".
La Poste américaine souffre, comme ailleurs, de la chute des volumes de courrier et de la concurrence des sociétés privées de messagerie express (FedEx et UPS). Cette chute, qui a atteint 3,7 % au 1er trimestre, se poursuit malgré le retour de la croissance économique. Elle doit aussi faire face à de « coûteuses » obligations de service dans des zones rurales et ne peut pas compter sur des services bancaires pour compléter ses recettes. Le Congrès lui a de surcroît refusé de supprimer la distribution du courrier le samedi et d'augmenter le prix des timbres plus vite que l'inflation.
Mais son budget est surtout grevé par le système d'assurance-maladie et de retraite: 5,5 milliards de dollars par an doivent être versés à un fonds couvrant les futures dépenses de santé de ses retraités.
Pour limiter ses coûts, la Poste américaine a déjà engagé des restructurations qui ont permis d'économiser 11 milliards de dollars (7,78 milliards d'euro), en fermant des bureaux et en supprimant 130 000 postes depuis 3 ans. Fin septembre 2010, elle employait 584 000 personnes, contre près du double en 1999 (elle reste cependant le 2ème employeur aux Etats-Unis). À elle seule, elle représente 40 % du courrier distribué dans le monde avec 177 milliards de lettres et colis par an et elle compte 36 400 bureaux de poste.
Son plafond d'endettement est fixé à 15 milliards de dollars et elle attend que le Congrès lui relève ce plafond, faute de quoi elle ne pourra plus payer ses dettes et le Trésor devra couvrir ses engagements.
L’actualité a rendu compte ces jours-ci des déboires du Président Obama pour relever le plafond d’endettement des Etats-Unis. On est en plein dedans !
CHICAGO
Chaque année, les Américains reçoivent plus de 100 milliards d’envois de courrier non sollicités, ce qui représente un coût de collecte et de traitement important de ces papiers. La ville de Chicago a décidé de permettre aux consommateurs de refuser « à la source » l’envoi d’annuaires téléphoniques, de catalogues, de coupons et d’offres pour les cartes de crédit. Ce service est gratuit pour les habitants de Chicago, il suffit de s’enregistrer à une adresse internet.
PITNEY BOWES ET INTERNET
Jusqu’à présent, les entreprises voulant affranchir leurs courriers et colis devaient acheter un logiciel spécifique. Pitney Bowes a lancé au 1er trimestre 2011 une solution baptisée « pbSmartPostage » qui permet cet affranchissement sans logiciel, uniquement en se connectant sur un site internet. Celui-ci offre également des remises sur les frais d’affranchissement ainsi que la possibilité pour l’entreprise de contrôler son budget postal.
LA PRESSE EN LIGNE GAGNE DU TERRAIN
Selon un rapport paru au 1er trimestre 2011, 46 % des Américains disent s’informer au moins 3 fois par semaine sur Internet, alors qu’ils ne sont que 40 % à déclarer lire les journaux papier. Pour la première fois, le nombre de lecteurs en ligne a donc dépassé le nombre de lecteurs « presse papier ». En 2010, la publicité des journaux papier aux Etats-Unis a été estimée à 22,8 milliards de dollars, contre 25,8 pour la publicité sur Internet.
MIX COURRIER-WEB
Pour relancer son activité (cf. ci-dessus), La Poste américaine offre en juillet-août une remise de 3 % aux émetteurs de courrier publicitaire qui apposeront sur leur courrier un code à barres renvoyant sur un site web présentant des informations ou des offres complémentaires par rapport au mailing envoyé. Le but est de montrer aux clients émetteurs de mailing l’opportunité offerte par la combinaison courrier physique / technologies mobiles.
B. Royaume Uni.
PRIVATISATION DE LA POSTE ANGLAISE
Les députés britanniques ont voté une loi, le 10 juin, autorisant la privatisation de Royal Mail. Ce texte garantit à l’opérateur la poursuite de sa licence de service public universel au moins jusqu'en 2015, le maintien du parc actuel des points de contact à l’enseigne du Post Office (97 % en partenariat) ainsi que la modification du régime réglementaire auquel est soumise la distribution du courrier.
La privatisation ne pourra pas avoir lieu avant l'autorisation définitive de la Commission européenne, décision attendue au plus tôt en mars 2012. D'ici là, la priorité reste le redressement d'une entreprise publique dont la branche courrier souffre comme partout ailleurs dans le monde.
Un rapport gouvernemental avait souligné l'an dernier que Royal Mail risquait d'être invendable s'il n'était pas rapidement restructuré. L'État devrait d'abord effacer en totalité ou en partie la dette d’ 1,7 milliard de livres (= 1,9 milliard d'euros) qu’accuse l’opérateur (ses concurrents, notamment TNT, UK Mail et DHL, menacent d’ailleurs de saisir la Commission européenne contre cette opération). L'État devra aussi prendre à son compte le déficit de 8,4 milliards de livres (9,5 milliards d'euro) des retraites des postiers britanniques.
En outre, Royal Mail Group a annoncé, le 14 juin 2011, une chute de 78 % de son résultat d’exploitation (bénéfice avant impôts) pour l’exercice 2010/2011 achevé fin mars, pour un chiffre d'affaires en baisse de 1,5 %. Le groupe a essuyé une perte nette de 258 millions de livres (291 M€), sa division courrier-colis perdant à elle seule 120 millions de livres (135 M€) sur l'exercice.
Selon le journal « Sunday Times », la direction de Royal Mail pourrait s’appuyer sur ces chiffres pour justifier un vaste plan de suppressions d’emploi visant 40 000 postes sur cinq ans, sur un total de 155 000 salariés. Les syndicats dénoncent le projet de privatisation mais ont déjà accepté de négocier les réductions d'effectifs. La directrice générale a indiqué qu’il serait nécessaire de "réduire les coûts plus rapidement que la baisse des volumes de courrier" et que "la moitié des 59 centres de traitement de courrier pourraient fermer d'ici 2016/2017".
Sur l'exercice écoulé, 5 500 personnes ont quitté Royal Mail, ce qui porte à plus de 45 000 la baisse du nombre de salariés depuis 2002.
C/. Autriche et Suisse.
RESULTATS DE LA POSTE SUISSE ET DE LA POSTE AUTRICHIENNE
Fin mars, La Poste suisse a publié ses résultats. Elle enregistre une baisse du volume du courrier adressé, aux alentours de 1,5 %. Elle a également souffert de la décision de la Poste allemande de faire distribuer ses colis en Suisse non plus par la Poste suisse mais par la filiale suisse de DHL (propriété de la Deutsche Post). La Poste suisse a baissé ses tarifs le 1er juillet 2009 et elle est désormais assujettie à la TVA.
Paradoxalement, la Poste autrichienne, de son côté, a vu son trafic total augmenter de 4,9 % en 2010, ce chiffre se décomposant en une baisse du volume du courrier domestique adressé (- 3 %) et une hausse du volume du courrier publicitaire (+ 3 % sur le courrier adressé, + 8 % sur le courrier non adressé).
La Poste autrichienne a annoncé également son souhait de voir 800 personnes par an quitter l’entreprise, alors qu’elles ne sont actuellement que 200 par an. 260 postiers autrichiens ont migré vers le ministère de l’Intérieur. La Poste autrichienne a également annoncé qu’il n’y aurait aucun départ imposé vers sa filiale de distribution d’imprimés publicitaires, où les personnels sont moins bien payés.
D. Allemagne.
ENVOI DE COURRIER PAR IPHONE
La société Francotyp-Postalia a lancé en mars dernier une application qui permet l’envoi de lettres et cartes postales hybrides depuis un iPhone, iPad ou iPod Touch. L’application est téléchargeable gratuitement et l’envoi est facturé 99 cts d’euro, quelle que soit la destination. Le paiement se fait par PayPal, carte de crédit ou coupon codé.
PRIME MAIL ARRETE SON ACTIVITE
Prime Mail est une entreprise privée allemande fondée en 2001, détenue à 50 % par la Poste suisse et à 50 % par Hermes General Service, entreprise privée. Elle est partenaire de la Poste néerlandaise sur le territoire allemand. Elle est spécialisée dans une « niche », l’expédition d’envois de courrier de grand format et de catalogue en Allemagne. Prime Mail a annoncé en avril dernier qu’elle cesserait son activité fin 2011, « en raison de l’échec du processus de libéralisation du courrier ». Seule la Deutsche Post continuera d’occuper cette niche, donc.
CONCURRENCE EN DIFFICULTE
Le rapport annuel du régulateur courrier en Allemagne (l’équivalent de notre ARCEP) précise que plusieurs concurrents de la Poste allemande ont fait faillite ou vont mal :
E. Pays-Bas.
RECYCLAGE DES TELEPHONES PORTABLES
Aux Pays-Bas en 2010, 37460 vieux téléphones mobiles ont été collectés par la société GSM Retourplan (qui regroupe plusieurs opérateurs télécom), ce qui lui a permis de faire un don de 44 926 € à des organismes caritatifs. 90 % de ces téléphones vont commencer une nouvelle vie dans les pays en voie de développement et les 10 % restant sont recyclées selon des normes écologiques.
En France, il existe des applications sur internet qui permettent de revendre son ancien téléphone mobile, les frais d’envoi étant pris en charge par l’acheteur au moyen d’un coupon-réponse « T » à imprimer sur son ordinateur (cf. ci-dessus paragraphe « retour Max »).
RACHATS DE SOCIETES
Début avril, le conseil de la concurrence néerlandais a fait savoir qu’il autorisait la société privée Saand à racheter Selektmail, filiale de la Poste allemande aux Pays-Bas. Saand distribuait déjà 400 millions de plis par an dans le pays, il passe ainsi à 700 millions, et sa part de marché croit de 10 % à 16 %. Son principal concurrent reste la Poste néerlandaise.
Parallèlement, une autre filiale hollandaise de la poste allemande, Interlanden, qui a annoncé l’arrêt de ses activités le 30 avril, a cédé l’un de ses sites de production employant 37 personnes, à Netweerk VSP, filiale de la Poste néerlandaise spécialisée dans la commercialisation d’offres de courrier bon marché.
SOCIAL
Une convention collective conclue fin mars aux Pays-Bas prévoit que désormais 80 % du personnel affecté à la distribution du courrier bénéficiera d’un « véritable contrat de travail » avant fin 2013, et que ces personnels percevront « au moins le salaire minimum ». Cette convention s’applique à toutes les entreprises du secteur privé prestataires de services postaux.
F. Finlande.
La Poste finlandaise vient de racheter une société allemande basée à Hanovre spécialisée dans l’externalisation des services dans les secteurs de la finance et de la comptabilité. Ce mouvement gagne toutes les Postes européennes : s’implanter via des filiales dans les grandes entreprises génératrices de courrier, afin de capter le plus en amont possible ce courrier.
G. Belgique.
LES AUTOMATES ARRIVENT
La Poste belge va lancer en fin d’année 2011 l’implantation d’automates de distribution de colis, à Bruxelles et à l’aéroport de Zaventem. Ces automates seront accessibles avec un code secret personnel fourni au client. Les automates pourront contenir entre 80 et 100 colis. Avec ce nouveau canal de distribution, la Poste belge espère faciliter et stimuler les achats sur internet.
SERVICE DE REEXPEDITION
La Poste belge offre désormais la possibilité aux particuliers et aux entreprises de souscrire une réexpédition de courrier par internet, et d’informer leurs fournisseurs de leur changement d’adresse. Les particuliers peuvent en outre, toujours via le web, demander la garde de leur courrier au bureau de poste, ou faire réexpédier leur courrier sur leur lieu de vacances.
H. Espagne.
Corréos, la Poste espagnole, le 5 Avril, a signé un accord avec ses syndicats à l’issue de 2 ans et demi de négociations. Plusieurs avancées sociales significatives font partie de cet accord : un concours pour convertir les emplois temporaires en emplois fixes, avec limite de 4 500 emplois fixes ; engagement de la direction de ne pas utiliser l’intérim ; renégociation du calendrier de travail avec suppression du travail le samedi ; intégration de nouveaux jours de vacances. 60 % des effectifs de Corréos ne sont pas fonctionnaires.
NOUVELLES NUMISMATES.
MONNAIE DE 100 € HERCULE
Du 8 avril au 7 mai, les bureaux de poste ont commercialisé la pièce de 100 € argent de la série dite « Hercule » : « cette pièce représente une réinterprétation contemporaine du symbole d’Hercule sur sa face ; le revers expose la valeur faciale entourée de 2 branches, l’une de chêne, l’autre de laurier, qui évoquent le sigle de l’Euro. »
Cette pièce a la même valeur marchande que la valeur faciale, et la série a été frappée en « qualité courante », c’est-à-dire comme les euros courant. On pouvait la commander dans 937 bureaux de poste (au moins un par département) jusqu’au 7 mai, avec retrait entre le 14 juin et le 30 juillet. Il fallait verser 30 € d’arrhes, qui ne sont pas remboursés si le client ne vient pas chercher sa pièce.
Elle semble rester disponible auprès de la Monnaie de Paris.
EURO MAYOTTE
Le 28 mars 2011, la Monnaie de Paris a lancé une pièce dit « le dernier euro des régions », dédiée à Mayotte, qui est devenu le 31 mars le 5ème département d’outre-mer français. Le tirage est de 5 000 exemplaires et a été commercialisé dans les bureaux de poste de Mayotte et auprès de la Monnaie de Paris. Le côté face de cet euro reprend le drapeau de l’archipel avec ses dauphins. Le revers est commun à toutes les pièces de monnaie de la collection et affiche une valeur faciale de 10 €. Cette pièce a cours légal en France métropolitaine, mais sa composition en argent en fait plutôt une pièce de collection….
RETRAIT DE PIECES
Du 14 au 30 juin, une circulaire postale est venue organiser le retour à la Monnaie de Paris des pièces de 10 € et des pièces de monnaie « souscriptions » qui n’avaient pas été retirées par les clients.